EN GUYANE, POUR CONTEMPLER LA NATURE, OUVREZ GRAND VOS OREILLES !
Avec 8 millions d’hectares, la forêt équatoriale couvre 96% du territoire de Guyane. Cette forêt guyanaise héberge à elle seule 720 espèces d’oiseaux, 130 espèces d’amphibiens, 524 familles d’arthropodes, dont une multitude de criquets, grillons, cigales et sauterelles et bien sûr des singes.
Les uns chantent, d’autres croassent, certains bourdonnent, alors que d’autres encore crient, hurlent ou sifflent, le tout se mêlant en un concert grandiose qui fait la magie de l’Amazonie. En Guyane, pour contempler la nature il faut ouvrir ses oreilles.
EN FORÊT, LE SENS PREMIER, C'EST L'OUÏE
La forêt guyanaise est pour sa plus grande partie primaire. Y entrer, c’est s’immerger dans une mer de végétation dense faite d’entrelacs d’arbres, de buissons, de lianes. C’est cependant la sonorité des lieux qui est la plus impressionnante. On est littéralement happé par une multitude de notes étranges qui résonnent dans la canopée : reptiles, insectes, oiseaux, singes s’appellent et se répondent en un concert étonnant.
Mais attention, pour comprendre la singularité de cette mélodie, il faut retenir son souffle et avancer à pas de loup. Faites silence et écoutez. Comme dans une symphonie, c’est avec patience et concentration que vous pourrez entendre les sons les plus subtils et repérer les animaux dont ils proviennent.
C’est seulement après avoir tendu l’oreille que vous pourrez peut-être apercevoir les habitants de la forêt.
LES SINGES, SOPRANOS DE LA FORÊT
La diva de l’Amazonie est sans conteste le singe hurleur, baboune en créole, reconnaissable à son pelage roux. Haut d’à peine 50 cm, il émet un râle rauque et grave très impressionnant. Alors qu’il est peut-être à des kilomètres, son cri, amplifié par l’écho de la forêt, donne le sentiment qu’il est juste à côté de vous.
Le singe atèle, peu farouche et très agile, est, quant à lui, reconnaissable à ses petits cris répétitifs. Comme le saki satan avec sa face blanche, ils peuplent les zones plus denses de la forêt.
En revanche, vous pouvez entendre les cris aigus du saïmiri (ou singe écureuil), du tamarin à mains dorées ou du capucin le long des routes ou à proximité des habitations, vous serez surpris de voir que les auteurs de ces piaillements stridents sont d’adorables petits singes à la fourrure soyeuse et aux mimiques rigolotes.
DES CHANTS ET DES COULEURS SUR LA BANDE CÔTIÈRE
Si les oiseaux de Guyane sont parmi les plus colorés au monde, les ornithologues se servent d’abord de leurs oreilles pour les identifier. Il est bien plus facile de les repérer à l’ouïe qu’à la vue, surtout lorsqu’on se trouve dans la forêt.
Emblématique de la Guyane, le toucan (qui signifie gros-bec en créole) possède un chant puissant, aigu et saccadé. Vous devrez d’abord l’écouter avant de le voir car il vit dans les arbres de la forêt équatoriale. Il chante le matin et le soir ainsi qu’après une averse de pluie.
Le Tinamou, autre habitant de la forêt, moins exotique que le premier puisqu’il fait partie de la famille des perdrix, n’en est pas moins intéressant : il siffle, à l’heure de l’apéritif ! C’est bien pratique, car il annonce au marcheur que la nuit va tomber et qu’il est l’heure de retourner au campement.
Pour le plaisir des yeux, le littoral guyanais est un terrain d’observation propice de même que les plaines côtières, comme la réserve naturelle des marais de Kaw. Cette zone qui se découvre en bateau ou en kayak abrite des dizaines d’espèces et il faudrait des jours entiers pour pouvoir tous les observer.
Vous pourrez ainsi apprécier le bavardage des oiseaux avant le coucher du soleil, dormir bercé par le chant des grenouilles et voir poindre le jour accompagné de la mélodie du réveil des habitants du marais. Le milan des marais, le balbuzard pêcheur, le petit héron vert, le grand perroquet ara bleu et jaune et l’hoatzin huppé vous raviront par leurs chants et le froufrou de leurs plumes quand ils déploient leurs ailes.
EN SILENCE AVEC UN NATURALISTE
Écouter les animaux est un art et les guides naturalistes de Guyane le partagent avec vous le temps d’une expérience méditative durant laquelle vous ne ferez plus qu’un avec la forêt.
Marcher lentement et en silence, s’arrêter dès que l’on entend un bruit et savoir le reconnaître. En forêt, chaque son devient un indice : une branche qui tombe sur le sol, des feuilles qui s’agitent... Qu’entend-on ? Un singe ? Un oiseau ? À quelle distance se trouve-t-il ? Que signifie ce cri ? Pourquoi à cette heure de la journée ?
La nuit, le silence de la forêt est éloquent, dans l’obscurité l’écoute est un moment intense où chaque son réveille l’imagination. Est-ce le Maskilili, petit monstre de la mythologie créole, qui vient picorer du café et des piments ? Ce n’est peut-être que le souffle de la tortue ou le récital de la pluie...
OFFREZ-VOUS UNE LOGE D'ORCHESTRE POUR ÉCOUTER LA NATURE EN GUYANE
- Les Marais de Kaw : à bord d’un kayak, on avance sans faire de bruit et on passe la nuit dans un écolodge pour profiter d’un lever du soleil musical
- La Montagne de Kaw : après une ascension de 30 minutes par un sentier, on se tapit en silence pour écouter la parade du coq de roche orange pendant la période de reproduction (janvier et février)
- Maripasoula et Saül : on randonne à travers le territoire des singes
- Le Grand Matouri : dans la plus grande réserve périurbaine de France, on écoute facilement les grenouilles, les singes et les oiseaux
- Le sentier de la Montagne Trésor : on écoute et on apprend tout sur la faune et la flore grâce à des panneaux pédagogiques placés tout au long du sentier
- La Crique Gabriel et son univers sonore aquatique qu’on explore en pirogue
- Les parcs et les jardins de Kourou et Cayenne qui abritent quantités d’oiseaux migrateurs en hiver