Le carnaval de Guyane, tout un programme
Depuis plus de deux siècles, le carnaval guyanais se déroule au gré des spectacles de rue, des soirées dansantes et des manifestations privées et familiales... le tout soutenu par les rythmes effrénés des orchestres carnavalesques.
Mais qu’est-ce qui donne cette saveur si particulière au carnaval de Guyane ?
Outre sa durée exceptionnelle, plus de 2 mois, ce qui le caractérise vraiment, ce sont les bals parés-masqués du samedi soir et les grandes cavalcades de bandes costumées les dimanches après-midi.
LE CARNAVAL DES RUES
Tous les dimanches durant le carnaval, les rues des villes et communes guyanaises s’animent au rythme des percussions et des orchestres qui accompagnent les chars décorés et les groupes déguisés chantant et dansant.
LA CAVALCADE
Les défilés du carnaval de Guyane sont appelés cavalcades, car traditionnellement, les rues étaient livrées à la population qui les dévalait dans une course désordonnée et festive au rythme des tambours créoles. Aujourd’hui, si ces défilés sont plus organisés, ils sont toujours suivis par une foule nombreuse qui se donne à cœur joie d’y participer.
Les carnavaliers arborent les costumes traditionnels créoles tels que les Nèg’marrons, les Soussouris ou les Jé farin, mais également des déguisements rappelant les traditions de tous les peuples de Guyane. Ainsi, ne soyez pas étonnés de croiser une danseuse de samba brésilienne ou un dragon chinois : le carnaval est un feu d’artifice populaire.
Les communes de Kourou et de Cayenne proposent chacune une grande parade les deux derniers dimanches de Carnaval. Durant environ 3 heures, vous pouvez admirer les costumes des sociétés carnavalesques qui participent à l’élection du plus beau groupe à l’issue de la parade.
LE VIDÉ
La cavalcade s’achève par le vidé à la tombée de la nuit. Il est dirigé par des orchestres électrisés perchés sur des camions, qui entraînent les danseurs et spectateurs jusqu’à épuisement !
Il existe également un vidé du dimanche matin : À l’aube, les orchestres carnavalesques sortent des dancings et entraînent les danseurs dans la rue pour qu’ils rentrent chez eux se reposer avant les cavalcades du dimanche.
LES JOURS GRAS ET LE MERCREDI DES CENTRES
Durant les derniers jours du carnaval que sont le dimanche gras, le lundi gras, le mardi gras et le mercredi des Cendres, la fête atteint son paroxysme.
Chaque jour est caractérisé par une thématique propre :
- Le dimanche gras, le roi Vaval, un mannequin géant, fait le tour de la ville accompagné de la Reine du festival et de coups de fouets pour rappeler les années d’esclavage.
- Le lundi gras est le jour des inversions : les hommes sortent dans la rue déguisés en femmes et les femmes en hommes. C’est aussi le jour où ont lieu les mariages burlesques avec leurs joyeux cortèges nuptiaux.
- Le mardi gras est le jour des diables rouges et tous les costumes, ainsi que les vêtements des spectateurs sont à dominante rouge, ce qui donne une certaine harmonie à cette journée qui est la plus prisée du carnaval.
- Le mercredi des Cendres, les diablesses noires et blanches arpentent les rues et le roi Vaval, le roi du carnaval, est brûlé pour marquer la fin des festivités. Il renaîtra de ses cendres au prochain carnaval.
LES BALS PARÉS-MASQUÉS
Chaque samedi soir durant le carnaval ont lieu les bals parés-masqués. C’est un phénomène spécifiquement guyanais qui représente l'attraction majeure des festivités de la nuit. De 23h à l’aube, seules les femmes déguisées, les « Touloulous » sont autorisées à danser. Et gare aux autres, si elles s’aventurent sur la piste de danse l’orchestre s’arrête de jouer !
Les hommes, quant à eux, n’ont pas le droit de se déguiser, ils doivent être reconnaissables pour que les mystérieux Touloulous puissent les choisir et les inviter à danser. Ils n’ont pas le droit de refuser une danse et offrent ensuite une boisson à leur Touloulou pour le remercier.
Le bal paré-masqué est un véritable rituel dont les codes sont strictement définis. Il se tient dans des dancings qui ouvrent spécifiquement pour la période du carnaval. Dans ces « Universités », des orchestres carnavalesques entraînent les danseurs sur des rythmes endiablés de mazurka, biguine, et piké djouk.
A l'aube, au bord de l'épuisement, le blaff, court bouillon traditionnel de poisson ou de crevettes aux épices créoles, récompense les efforts et déhanchements des danseurs. Une matinée de repos et c'est reparti...c'est le tour du carnaval de rue dominical !
PAS DE CARNAVAL SANS ORCHESTRES CARNAVALESQUES
Pour vivre une inoubliable soirée Touloulou et qui sait, danser avec l'une de ces mystérieuses créatures (ou vous transformer en l’une d’elles), rendez-vous dans l’un des deux lieux les plus mythiques du carnaval de Guyane :
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Chez Nana à Cayenne où se produisaient traditionnellement les Blues Stars Féroces et leur chanteur vedette Victor Clet, dit Quéquette.
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Chez Polina à Matoury pour peut-être danser sur les rythmes des Mécènes qui sont certainement l'orchestre carnavalesque le plus célèbre de Guyane. Leur chanteur vedette Bernard Inglis, décédé en 2002, est un monument du carnaval guyanais.
Si chaque Université (c’est le nom que l’on donne aux dancings pendant le carnaval) avait traditionnellement son propre orchestre, la notoriété de ces derniers est devenue telle que les différents lieux se les arrachent. Aujourd’hui ils ne se produisent plus nécessairement chaque année au même endroit, ce qui permet à de nouveaux groupes d’émerger.
A la fin du carnaval, la salle du Grand Blanc à Macouria accueille les deux groupes historiques pour un duel musical enflammé ! Un vrai régal pour les danseurs.
Venu d'Europe, le carnaval guyanais s'est exporté en Métropole...retour aux origines : L’orchestre carnavalesque Dokonon accompagne les soirées en région parisienne et en province, rien de mieux pour réchauffer les longues soirées d'hiver !